Franc-maçonnerie et Chat GPT

La connaissance est la lumière qui éclaire notre chemin, et l’intelligence est la main qui guide notre outil. Ensemble, ils nous permettent de façonner notre vie et de construire notre avenir.

La recherche de la connaissance doit être continuelle, car il n’y a pas de fin à l’apprentissage. L’intelligence, quant à elle, doit être utilisée de manière sage, car elle est la clé qui ouvre les portes de la compréhension.

En tant que maçons, nous devons constamment chercher à améliorer notre connaissance et notre intelligence afin de construire des vies et des sociétés plus épanouissantes et plus justes. Nous devons être des guides pour les autres, en leur montrant comment utiliser leur propre connaissance et leur propre intelligence pour construire leur propre avenir.

En résumé, la connaissance et l’intelligence sont les outils les plus importants pour construire une vie réussie et une société prospère. Nous devons les utiliser avec sagesse et poursuivre continuellement notre apprentissage pour atteindre notre plein potentiel.

Franc-maçonnerie et Chat GPT

Ce que vous venez de lire, Mes Très Chers Frères, ce n’est pas moi qui l’ai écrit – peut- être vous en êtes-vous doutés. Non, ce n’est pas un être humain qui a écrit ces lignes, c’est une intelligence artificielle à qui j’ai demandé « écris une planche maçonnique sur le thème de l’intelligence et de la connaissance ». Ça lui a pris 30 secondes montre en main, et si le résultat s’éloigne quand même un peu de la qualité de ce que l’un d’entre nous pourrait écrire, il faut avouer que c’est perturbant.

Pour bien comprendre ce qu’est une intelligence artificielle, il est nécessaire de remonter quelques années en arrière, aux prémices de ce qu’elles furent. Il s’agissait alors de systèmes informatiques capables d’absorber une énorme quantité d’informations à partir d’une base de données, de les analyser et d’en retirer des tendances pour faire ressortir ce qui en échappait. Prenons un exemple connu : en 2014, Amazon manquait cruellement de personnel dans les secteurs de la logistique et du développement informatique, les deux fers de lance qui en ont fait l’entreprise qu’on connait aujourd’hui. Elle a donc lancé dans le plus grand secret un programme basé sur une intelligence artificielle pour automatiser son processus de recrutement. Nourrie des Cv de tous ses collaborateurs des dix dernières années ainsi que de leurs performances, leur système était capable de trier chaque nouvelle candidature automatiquement en fonction de son rapprochement avec le profil-type idéal issu de l’analyse de toutes ces données. En 2015, l’entreprise s’est rendue compte que les CV provenant de femmes étaient systématiquement rejetés par le système. En effet, 90% des employés actuels d’Amazon dans la logistique et le développement informatique étaient des hommes (comme partout dans ces métiers), l’intelligence artificielle en a déduit que cela devait donc être un critère de réussite et non pas un fait statistique logique. La société californienne a bien essayé de corriger le tir, mais en 2017 il a fallu se rendre à l’évidence que de trop nombreux biais persistaient pour leur permettre de garantir que le processus de recrutement était fiable et respectait les normes en termes d’équité de diversité et d’inclusion. Amazon a donc mis un terme définitif à son projet. On passera brièvement sur l’expérience similaire de la police métropolitaine de New-York et de leur intelligence artificielle qui cherchait à aider ses agents à interpeler des suspects en croisant la reconnaissance faciale sur les caméras de vidéo-surveillance avec l’historique de toutes les personnes interpellées (coupable ou non) des dernières années, pour établir un schéma de comportement suspect. Le système a alors commencé à ordonner aux agents d’interpeler toutes les personnes de couleur dans le métro, avant que la police ne comprenne que leur intelligence artificielle était en quelques sortes devenue raciste à force d’analyser les caractéristiques des suspects habituellement interpelés.

Aujourd’hui les Intelligences Artificielles ont largement évolué. On est dans une phase d’apprentissage accompagné, et il ne faudra pas longtemps avant que l’intelligence artificielle ne finisse par apprendre toute seule, d’elle-même, et ne s’adapte sans problème, au point que nous ne saurons plus identifier si c’est un humain ou une machine qui nous répond. C’est une de ces intelligences artificielles qui a écrit le texte que je vous ai lu, certains d’entre vous en ont déjà entendu parler il s’agit de Chat GPT, de l’éditeur OpenAI. Elle fait actuellement le buzz car elle est à disposition de tout un chacun depuis trois semaines, justement pour la tester et aider ses développeurs à mieux l’accompagner dans son apprentissage, son adaptation aux interlocuteurs et sa formulation. Vous pouvez discuter librement avec elle, elle vous répond, vous approfondissez et elle suit le rythme en s’adaptant au niveau de détail que vous souhaitez. Son objectif, je lui ai demandé, est « d’aider les gens à interagir de manière naturelle avec un ordinateur en utilisant le langage naturel. L’objectif est de rendre l’interaction avec les ordinateurs plus efficace et plus intuitive pour les utilisateurs. ».

Outil ou détracteur ?

J’entends déjà vos questions : mais comment cela peut-il donc bien rendre service à l’Humanité? Alors on imagine aisément une kyrielle d’utilisations intéressantes possibles : on entre dans la machine les paramètres médicaux de millions de patients avec leur état de santé, et l’intelligence artificielle est capable de détecter instantanément une anomalie, diagnostiquant donc potentiellement un cancer ou une autre maladie là où un diagnostic médical classique passerait à côté. On peut faire analyser en une fraction de seconde des milliards de données par une machine, alors que cela prendrait une vie à un être humain ne serait-ce que pour les lire.

Début janvier déjà sont apparues les premières dérives avec Chat GPT, seulement 3 semaines après sa mise en ligne publique. Des dizaines d’étudiants universitaires lyonnais s’en sont servis pour rédiger leurs travaux à leur place. C’est si simple. Vous entrez un livre dans la base de données, et demandez de vous en faire une synthèse, le tout en langage naturel, et le travail est fait en quelques secondes. Cette utilisation, si elle est condamnable, ne m’inquiète personnellement pas outre mesure. Après tout, si l’on a besoin d’avoir des résumés rapides sur des sujets précis que l’on ne compte pas approfondir, allons-y. Et si on a besoin de détails, après tout on peut les demander, l’IA y répondra sans autre. Mais qu’en est-il de la production de contenu ? Rappelons- nous une chose fondamentale : une IA se base sur des données existantes. Elle peut donc tenir une conversation dans un langage parfait, avec une syntaxe identique à celle d’un être humain et sans faire de fautes, dans n’importe quelle langue. Elle peut prédire des tendances en analysant des modèles de données, mais elle ne peut pas créer un concept à partir de rien. Bien entendu, il y a un potentiel énorme à ces intelligences artificielles, et il y a fort à parier que nos vies vont être massivement impactées par leur utilisation à mesure qu’on les perfectionnera. Elles remplaceront l’homme dans certains métiers, le rendront plus efficient dans d’autres, apporteront une aide dans la vie de tous les jours – ce n’est pas forcément mon opinion, prenons cela comme une vision optimiste dans laquelle une IA serait utilisée avec des garde- fous éthiques et moraux, et dans une optique bienveillante. Mais même dans ce cadre elles ne produiront rien de nouveau fondamentalement.

Si un apprenti fait une planche philosophique sur un symbole comme la pierre brute, vous savez comme moi que ce n’est pas la vision d’Irène Mainguy qui rendra la planche belle, lumineuse et touchante. C’est la perception unique et propre au Frère qui l’écrira. C’est ce que lui en aura retiré qui nous importe. Les chemins intellectuels sur lesquels il se sera aventuré, peut-être guidé par des textes d’Irène Mainguy et les Instructions auxquelles il aura participé, seront obligatoirement nouveaux, basés sur son expérience de vie, sa perception, etc. En cela, je pourrais presque dire que la Franc- Maçonnerie pourrait alors avoir une importance encore plus importante, agissant un peu comme un centre névralgique de l’intelligence humaine, promouvant ce qu’elle conservera d’unique : sa capacité à créer du nouveau à partir de rien, mais ce ne sera peut-être pas sa seule carte à jouer. A mon sens, le plus grand danger des IA pour l’Humanité est bien de l’encourager dans sa tendance à s’extasier et se complaire dans la facilité. « Du Pain et des Jeux » disait-on dans la Rome Antique. Aujourd’hui on vous dirait « une pizza et Netflix », avec ses algorithmes vous suggérant quelle série vous devriez ensuite regarder au lieu de venir vous bousculer les neurones avec vos Frères lundi prochain. Sans oublier Chat GPT et autres intelligences artificielles, qui sous couvert de nous faciliter la vie, risquent de nous condamner à compiler et ressasser des idées déjà exprimées par d’autres au lieu de simplement vivre et nous faire exprimer nos propres expériences. En ça, la Franc-Maçonnerie retrouverait donc sa place de garde-fou contre l’asservissement de l’être humain face à des machines dont le but est de l’abrutir et de ne surtout pas réfléchir, sans parler d’échanger avec ses congénères. Mais je m’emballe !

Pour finir j’ai demandé à Chat GPT comment je pourrais conclure élégamment une planche maçonnique sur le thème de l’intelligence artificielle. Voici sa réponse :

Pour conclure élégamment une planche maçonnique sur le thème de l’intelligence artificielle, il est important de rappeler l’objectif fondamental de la maçonnerie: la recherche de la vérité et de la sagesse.

L’intelligence artificielle est un domaine en constante évolution qui offre de nombreuses opportunités pour améliorer notre vie quotidienne, mais aussi des défis éthiques et moraux. Il est donc crucial de continuer à explorer les implications de l’IA de manière responsable et éthique.

En tant que maçons, nous devons être conscients de ces implications et utiliser notre intelligence pour évaluer les avantages et les risques de l’IA. Nous devons également continuer à cultiver les vertus de la sagesse, de la tempérance et de la force pour orienter notre utilisation de l’IA dans le sens de la création d’un monde plus juste et plus équitable.

En fin de compte, l’IA est un outil puissant qui peut nous aider à atteindre nos objectifs les plus élevés, mais c’est notre propre sagesse qui nous permettra de l’utiliser de manière responsable et éthique. En tant que maçons, nous continuerons à explorer les implications de l’IA tout en poursuivant notre quête de la vérité et de la sagesse.

Je n’aurais pas forcément dit mieux, j’ai dit.

G.A., Orateur Loge Liberté, 16 janvier 2023